| Monsieur Gérard LEMAIRE Bien cher Gérard,
La nouvelle de ton décès me ramène, comme dans un rêve, à toutes ces années où notre bonheur était partagé dans la mise en place et l’animation de ce merveilleux projet que tu avais initié avec l’objectif de mettre le patient au centre de l’aide et des soins à domicile que nous pouvions lui apporter.
Durant toute ma vie professionnelle j’ai tenté de maintenir et de réaliser ce projet de collaboration interdisciplinaire entre les professionnels de santé.
C’est toi qui m’as souvent rappelé combien il était primordial, quel que soit notre diplôme ou formation, que chacun des professionnels que nous étions devait pouvoir descendre du piédestal de son savoir pour tout miser sur un véritable travail de collaborateurs au service des patients.
Quel que soit notre « art » celui de guérir ou celui de soigner, c’est tout l’art de rester en harmonie pour tenter de donner ou redonner force et énergie de vie à tous ceux et celles qui faisaient appel à nos services.
Comme il est dit si justement ci-dessus, je retiendrai de toi le souvenir d’un homme passionné, passionnant et de conviction dont l’humilité, la générosité, la bienveillance et le sourire ont marqué toute ma vie d’infirmier.
Te voilà donc allé jusqu’au bout de ta vie, celle que tu as tant souhaité maintenir et booster pour les autres ; celle qui, en alternance, nous passionne et nous révolte, avec parfois beaucoup de difficultés d’y trouver un sens ! Les mots qui me viennent sont ceux d’un ami, Jacques Vallery. Ils disent tellement bien mon ressenti du moment que j’ai envie de les reprendre et de te les dédier comme dernier adieu :
« Dans la vie de tous les jours, bien des choses donnent envie de pleurer toutes les larmes de son corps. Il n'y en a d'autres qui remplissent le cœur d'une joie sans qualificatif.
Emerveillement, détresse, révolte, passion. La vie, ça se pleure ! La vie, ça se fête ! Silence et musique. La danse et la croix.
Qu’elle soit là aujourd’hui, qu’il y ait la mort, Qu’il y ait joies et souffrances, tremblement de terre et libellules, que des hommes et des femmes puissent donner leur vie et faire mourir,
qu’ils soient passionnés de justice, de vérité, plongés dans l’espérance ou l’absurde, à ce point dans l’absurde que plus rien n’a de sens, ni l’amour, ni la haine, ni la justice, ni la torture, ni l’autre, ni la vie.
Etonnante est la vie !
Elle a déjà reçu toutes les explications possibles et imaginables, Peinte de toutes les couleurs, dénoncée ou chantée avec autant d’art que de passion.
S’il y a bien quelque chose d’évident, probablement est-ce qu’elle n’est pas évidente !
Telle qu’elle est, la vie ne va pas de soi. Et son sens, si c’était possible, encore moins ! »
Tellement heureux de t’avoir connu, repose en paix.
Guy
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