| Monsieur Joseph LERHO Cher Monsieur Lerho,
Lorsque, enfant de la campagne, on aspire impatiemment à entrer à l’école que l’on imagine, que l’on idéalise, lorsque le grand jour est venu et que vous m’embarquer en passant par chez moi, pour y aller, un nouveau monde s’ouvre assurément à moi pour seulement une après-midi la première fois.
Qu’il y en a du monde dans ce local au milieu des champs.
De tout ce que les autres font, je ne sais rien, excepté remettre les morceaux d’une image découpée en bonne place.
Ce n’est que très progressivement que je vais découvrir ces nouvelles personnes et ces nouvelles activités demandant observations et réflexions.
Mes yeux et mes oreilles sont grands ouverts.
Rien ne devrait m’échapper.
Du plus petit que je suis, du coin avant gauche où je suis jusqu’à la plus grande élève du coin arrière droit, toutes les informations transmises sont pompées par l’éponge de mon cerveau vide assoiffé de savoirs.
Les matières enseignées aux plus petites et aux plus grandes classes rivalisent d’emblée d’intérêt, attisent ma curiosité et je croque cette nouvelle vie à pleines dents.
Votre tenue irréprochable, vos chemises impeccables, vos pantalons parfaitement plissés fleurant la fraîche lessive confèrent au lieu et à l’ambiance un peps tout particulier où il fait vraiment bon vivre.
L’École telle que je l’avais rêvée dépasse vraiment toutes mes espérances et ne me déçoit nullement.
Ce nouvel univers me plaît et m’envoûte.
D’ores et déjà, je sais qu’il hantera ma vie, mes vies.
Sa structure, son organisation, ses méthodes me fascinent d’emblée.
Oui, assurément, je deviendrai instituteur comme vous, mon modèle.
Plus tard, je dirai « enseigneur ».
Je le suis toujours pour mon plus grand bonheur.
Pionnier, écologiste et naturaliste, vous l’avez été avant la lettre.
Votre intérêt pour l’actualité et les problèmes du temps débordera bien vite dans nos esprits neufs.
Votre opiniâtreté et votre rigueur vaincront bien vite toutes nos réticences et résistances en math et en français.
La précision et la clarté de vos explications seront, dès l’instant , des guides précieux, fondamentaux, pour l’acquisition d’autres connaissances et l’élaboration d’autres savoirs.
Vous ne manquerez pas non plus de nous transmettre très tôt votre esprit vif, critique et incisif.
Si tous les enfants du monde pouvaient tirer profit d’un instituteur comme vous avez pu l’être, moins grandes et profondes seraient les souffrances d’une grande partie de l’humanité.
Mes hommages et mes remerciements pour tout cela maintenant que vous êtes une étoile stable et fixe au firmament de nos hautes Fagnes.
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