| Monsieur Jean FOURNIRET Très cher Papa, Merci ! Merci de la vie que tu m’as donnée, Merci de m’avoir transmis ton goût de l’aventure, ta curiosité, ton envie de toujours aller voir un peu plus loin ce qu’il y avait à voir, car avec toi, grâce à toi, j’ai grandi dans un pays immense, magnifique, que tu m’as fait découvrir. Dès l’âge de deux ans, tu m’as permis de courir la brousse et, si je ne peux prétendre réellement m’en souvenir, je me rappelle par contre très clairement comment tu m’as appris à nager sur la rive d’un fleuve qui me semblait sans fin, ce fleuve sur lequel tu m’emmenais à bord de pirogues improbables pêcher des poissons étranges. A cette même époque, tu m’as appris à rouler à vélo, véhicule grâce auquel j’ai pu, alors et encore pendant de nombreuses années, explorer le monde qui m’entourait. Un monde parfois hostile comme quand je t’ai vu emmené par des militaires, fusil dans le dos, et heureusement sauvé par une population locale reconnaissante de ce que tu enseignais à leurs enfants. Ce pays, tu m’en as fait découvrir tellement de facettes : le plateau de Batékés et ses orchidées de brousse, la Black River et ses papillons, les chutes de Zongo qui prétendent se mesurer à celles du Niagara, Inga où le fleuve en furie s’étrangle au sortir de trois cents kilomètres de rapides, la mystérieuse forêt équatoriale du Mayombe, la route de Moanda, ses baobabs et l’embouchure du fleuve sur l’Atlantique, les mangroves, les plages, les vagues indomptables. Bien entendu, tu ne t’es pas arrêté aux frontières et tu m’as embarqué pour l’Angola, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Rwanda, le Burundi en des temps où ces pays étaient encore très éloignés des chemins touristiques. Mais tu n’en n’as pas oublié pour autant de me faire découvrir l’Europe, des Pays-Bas à L’Italie en passant par l’Espagne, la France, la Suisse, l’Allemagne, le Luxembourg aujourd’hui si proche, à l’époque tellement dépaysant à mes yeux. Tu m’as embarqué pour l’escalade de volcans qui se sont depuis effondrés sur eux-mêmes, tu m’as fait visiter des parcs sauvages maintenant inaccessibles. Avec toi nous avons approché à pied les gorilles de montagnes, nous avons roulé au milieu des éléphants, des zèbres, des girafes, nous avons pêché entourés d’hippopotames, nous avons campé sous tente à proximité des lions, nous avons plongé au cœur des coraux de l’océan indien,… Tu m’as fait sillonner le fleuve à vive allure entre les îlots de jacinthes et les bancs de sables sur des hors-bords tonitruants. Je n’avais pas quatorze ans que tu m’as appris à les piloter tout comme tu m’as appris à conduire à la même époque. Epoque un peu dingue où tu parcourais les pistes de brousse et de slalom à folle allure, à bord de voitures de course bariolées et pétaradantes. A dix-huit ans tu m’as offert ma première voiture qui a détrôné le vélo comme instrument de découverte et a considérablement élargi mon périmètre à explorer. Et, depuis, je n’ai eu de cesse d’aller voir plus loin encore ce qui s’y passait, ce qu’il y avait à y voir, quelles étaient donc là -bas toutes ces merveilles qui s’y cachent. A la même époque tu as su aussi me conseiller, me soutenir, m’encourager, m’aider à m’épanouir intellectuellement, à acquérir mon autonomie, à cultiver ma confiance en moi et à m’envoler vers ma propre vie, personnelle et professionnelle. Merci aussi pour toutes les valeurs que tu m’as transmises, pour ta capacité à t’indigner devant l’injustice, pour tes nombreux combats contre la corruption, pour ton amour du travail soigné. Merci pour ta capacité à toujours t’étonner de ton propre plaisir à découvrir ; comme lorsque vers 1996 tes yeux se sont posés pour la première fois sur la Mer de Chine et que tu m’as dit combien tu étais ému car cet endroit, ce moment évoquaient pour toi tous ces rêves d’enfants, tous ces romans , ces histoires de pirates, de contrebandiers et autres aventuriers qui peuplaient tes lectures de jeunesse à la sortie de la guerre et qui ont sans doute, de ton propre aveu, c
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