| Madame Laure BERNARD Laure,
Quand j’avais cinq ans, tu étais l’épouse de Firmin le facteur. La couturière de toute la famille et du village . Mais, dans mon cœur, tu étais beaucoup plus. Tu étais ma maman de remplacement. Celle qui , quand ma vraie mère était indisponible pour des raisons impérieuses, m’accueillait à quatre heures ou le mercredi après midi après l’école primaire. Je revois cette pelote pleine d’aiguilles , qui ressemblait à un outil de torture, et qui m’inquiétait particulièrement pendant que tu m’aidais à faire mes devoirs sous cette véranda. Ces robes inachevées comme tant de trésors sorti de tes mains.Je te revois couper le tissu, ajuster, mesurer, toujours avec cette épingle au coin des lèvres. Mais de toi je garde surtout le souvenir impérissable de la tendresse que tu me donnais au cœur de l’angoisse de ce faux abandon maternel. Cette tendresse, qui au moment où je me sentais comme un oisillon tombé du nid sans la tendresse de ma maman, tu me réconfortais. Laura, madame Laura comme disait maman. Et bien Laura, 55 ans plus tard, je peux dire à ta famille, combien elle a eu de la chance d’avoir côtoyé et aimer un être aussi bon. Aujourd’hui, mon cœur est lourd et mes yeux pleins de larmes, j’ai perdu , la même année, ma deuxième maman.
Jean-Marie Charles
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