Hommage
• Hélène •
« On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes. »
Il y a des œuvres qui crient tellement fort que l'on ferme les yeux comme on se boucherait les oreilles pour ne pas les entendre tant leurs cris stridents sont emplis d'une vérité trop pure.
À défaut de savoir les articuler, les prononcer, elle parlait par son regard sans masque, par ses œuvres sincères, ses alliées pour une vie plus douce.
La réalité, le coup de poing de trop qui fait chavirer l'équilibre, qui fait vaciller.
Puis la douleur de l'incompréhension, de la solitude des hypersensibles, de la méchanceté et de la froideur des êtres moins émotifs. On se la reçoit pire qu'une punition car on ne mérite pas ce dédain puéril et gratuit.
Ce côté extraterrestre qui effraie, aussi bien l'être lui-même que son entourage. Savoir gérer avec cette différence singulière, avancer dans ce parcours du combattant tout neuf, sans un pas qui montre le chemin à suivre, ne pas avoir peur d'innover pour avancer.
Le don de soi pour obtenir l'affection, le moteur, l'énergie nécessaire. La reconnaissance, aaah.., la reconnaissance si chère et si difficile à avoir tant on n'est pas reconnu dans l'étrange monde que l'on s'est construit et dans lequel on est seul, l'unique habitant qui se sent chez lui. Créer pour survivre comme manger et boire pour ne pas dépérir.
La paix et la peine en simultané, les larmes et le visage décrispé, l'envol d'une pesanteur trop lourde, l'héritage issu de tes tripes qui témoigne mieux que personne, qui te raconte, qui te lit, qui nous fait entendre tes rires, tes pleures, tes joies et tes chagrins enfuis au plus profond de toi.
Je me souviens le Rwanda avec toi. Ton assurance face à mes craintes. Tes sourires d'enfant sauvage, en osmose avec la nature, mes p'tits airs de citadine qui découvrait cette nature atypique. En te voyant si à l'aise, j'avais moins peur.
Il y a aussi les délires du Grand Singe poilu qu'était mon papa et qui t'a valu des fous rires aussi délicieux que des œufs en sucre aux couleurs pastelles croquants et fondants. J'adorais ton rire, tes fossettes qu'il creusait dans tes joues, la malice aérienne qu'il laissait s'envoler pour oxygéner ta tête un peu trop lourde.
Puis tu m'as présenté ton travail à Saint-Luc, tes découvertes de techniques, un envol qui prenait peu à peu forme, consistance. Tu étais dans ton élément ou presque. Il y avait toujours des perturbateurs, c'est à ça que sert la carapace, à nous en protéger.
Ton regard d'adulte a changé, enfin pas tout à fait. Il a revêtu cette carapace car il a vu ce que l'enfance ne voit, mais il a gardé sa curiosité d'étrangère face au monde dans lequel elle est tombée. À mes yeux, il transmettait ta détresse que ta voix ne savait révéler.
J'espère que tu t'es épanouie grâce aux passions qui te faisaient vibrer.
J'ai des amis qui sont aussi partis trop tôt, comme je dis « partis dans le Ciel ». Quand je pense à eux, il y a cette émotion et cette force à la fois.
Tu es partie dans le Ciel rejoindre mes amis et bien d'autres personnes.
Ton sourire est éternel à présent, nos souvenirs de toi aussi.
Hélène, petite fille du Soleil, tu brilles à jamais dans nos cœurs.
cHArlotte, ta cousine fluo.
cHArlotte Zink- 03-08-12